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Interview avec Jean-Luc Beylat, Président du POLE SYSTEMATIC

by Ingrid Vaileanu and Florin Paun

Jean-Luc Beylat est actuellement vice-président chargé des partenariats industriels chez Nokia et président de Nokia Bell Labs France, après avoir été vice-président chargé des programmes de partenariats R&D…

 

Question :

Quel est le rôle de l'innovation ouverte pour la société du XXIe siècle ? Et dans vôtre domaine spécifique ?

Jean-Luc Beylat:

Innovation ouverte permet tout d’abord à se connecter au plus grand nombre d’acteurs (cerveaux), de créer plus d’alliances pour monter en agilité et vitesse, d’apporter des solutions rapides et globales. Notre monde change très vite et les innovations que l’on doit porter sur le marché ne peuvent plus être pensées en circuit fermé. L’innovation ouverte est un véritable moteur économique du 21e siècle.

C’est très différé du siècle schumpetérien, technologique car aujourd’hui on doit repenser les réponses a des enjeux complexes interdépendants dont l’énergie, le climat, la mobilité. Les outils numériques, les plateformes agiles deviennent partie des réponses sociétale du 21e siècle. Le monde du Cloud, Open Source est une illustration de ces approches nouvelles qui reposent sur le partage des outils innovants pour accélérer la création de valeur et apporter des solutions au plus grand nombre. Pour cela, l’innovation ouverte est un passage obligé.

 

Question :

Quelle est l'ampleur réelle de l'innovation ouverte ? Comment faire émerger une nouvelle stratégie d'innovation plus collaborative et comment soutenir le développement des acteurs déjà présents, des pionniers de l'innovation ouverte (intra-preneurs dans les grands groupes et entrepreneurs innovants) en France comme à l'international ?

Quelles dynamiques d’innovation française les dernières 10 années ?

Jean-Luc Beylat:

Pour avoir le plein d’avantages, il faut un écosystème riche dans sa diversité des start-up, des PME, des grands groupes et des chercheurs. Ce brassage des personnes est un potentiel d’innovation. Plus l’écosystème est grand, plus il est puissant vu son potentiel d’innovation. 

Il y a quatre piliers pour favoriser l’innovation : le financement, les compétences, à culture entrepreneuriale et l’écosystème. Dans les grands groupes ou structures, c’est plus compliqué d’envisager les stratégies d’innovations ouverte vu la taille et l’organisation par métiers par rapport aux structures agiles autonomes des start up. Même le travail en écosystème n’est pas une approche naturelle mais il faut l’encourager avec des évènements, entretiens permanents, projets publics- privés, un véritable travail de terrain. 

L’avenir des grands groupes et structures repose donc sur sa capacité à, d’abord se concentrer sur un ensemble de connaissance/savoir-faire au cœur des métiers des grands groupes en cultivant l’excellence qui a toujours été dans leur «corps» de business mais aussi, sur sa capacité à se connecter avec un plus grand nombre de partenaires porteurs d’innovation, de technologies, d’accès à de nouveaux marchés, d’approches différentes, de savoir-faire différents…

Cela permet aussi, dans le même temp, de transformer les équipes internes. Les Incubateurs, les structures comme ont contribué les dernières 15 années à un changement profond basé sur le travail en écosystèmes.

Ce qui se passe en France n’est pas reproductible ailleurs. Les clusters et les incubateurs français ainsi que la politique des pôles de compétitivité permettent un développement dans toutes les régions de la France (Rapport Livre Blanc 2004) surtout si on arrivera à structurer l’écosystème avec une approche plus intelligente par rapport à la valorisation des forces locales.

Pour valoriser un Territoire, on remplit les exigences des deux piliers de l’innovation (finance et compétences) ce qui permettrait de favoriser la création des emplois locaux et donc renforcer en échange le pilier compétences en attirant plus des projets d’innovation. C’est devenu évident qu’il ne faut plus innover de manière isolée mais en réseau afin de gagner en pertinence, sens et rapidité. 

La politique même des brevets est challengée. Face à des familles de brevets, souvent trop de brevets difficiles à valoriser, l’innovation ouverte propose un partage de savoirs pour encourager à agir plutôt que pour juste posséder un brevet. Les nouvelles opportunités de valorisation par le partage des connaissances et propriétés intellectuelles change la dynamique de valorisation de la propriété intellectuelle avec des modèles économiques Open Source, Cloud qui permettent la valorisation a d’autres niveaux, par exemples des commercialisations des services des infrastructures ou applications.

 

Question :

Quelle est votre opinion sur l’importance de l’Intelligence artificielle ?

Jean-Luc Beylat:

L’intelligence artificielle va avoir un mot à dire dans tous les sujets y compris d’aide à la décision. Mais pour que l’IA soit pertinente il faut beaucoup de données. Plus les données acquises sont nombreuses plus les réponses par les algorithmes sont précises.

 

Question :

Quels sont vos conseils pour faire de l’innovation ouverte, et quelle serait votre devise ?

Jean-Luc Beylat:

Dans un grand groupe, il faut se connecter avec l’extérieur et rester curieux des mécanismes d’innovation et de nouveaux modèles économiques et sociaux. Le lien est souvent la motivation humaine, un véritable moteur d’adhésion et de motivation. 

J’ai la chance, de par de mes missions, de développer ces écosystèmes innovants et je considère que rester ouvert, être à l’écoute et garder sa curiosité, sont indispensables pour entretenir et bénéficier de ces écosystèmes. Rencontrer les entreprises, les chercheurs, les grands groupes partenaires et leurs propres écosystèmes demande de sortir de l’entreprise, être ouvert. Pour l’innovation ouverte, il faut surtout ne pas rester isolé dans son entreprise. Ma devise ? Se nourrir intellectuellement en permanence et ensuite faire agir. (La commission Beylat-Tambourin 2013)

 

Question :

Quelle est le rôle de l’Europe et des régions dans l’innovation du 21e siècle ? Comment appréhender des débats en Europe sur ces sujets d'intérêt commun : L’Europe de la Défense, L’Europe de l’innovation l’Europe du numérique ? La première Charte collaborative des territoires européens de l'innovation ouverte (signé en région PACA en 2016) pourrait-elle être un modèle à suivre en Europe pour offrir au territoire un rôle pour changer d’échelle de l’entreprise à l’écosystème des entreprises ?

Jean-Luc Beylat:

L’Europe est importante. Les Etats- Unis ont un marché qui donne une amplitude immédiate et facilement aux innovations. 

En plus, la taille de leur marché valide immédiatement l’international. L’Europe peut offrir ce marché de taille équivalente il faut décloisonner pour optimiser les approches innovantes et bénéficier des compétences européennes pour avoir une force d’innovation a l’échelle européenne. On peut augmenter l’efficacité et perdre moins de temps si on arrive à réformer les mécanismes européens en faveur des entreprises innovantes capables de créer une dynamique d’innovation sans précédent.

 

Question :

Quel défi voyez-vous pour les générations du 21e siècle et quel est votre conseil ?

Jean-Luc Beylat:

L’innovation ouverte est un challenge pour toutes les générations du 21e siècle. Le meilleur conseil serait de pratiquer, d’agir. On doit pratiquer même si la prise de risque est plus facile quand on est jeune. L’innovation ouverte doit concerner tout le monde. Il faut pratiquer et s’y investir.

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