A Paris, la force ispirante de la diaspora scientifique, d'innovation et entrepreunariale renforce la collaboration internationale au service de l'humanite 

par Florin Paun et Ingrid Vaileanu

 

 

Interview Francophone : Comment peut - on résumer votre carrière à travers ce dont vous êtes le plus fier ? 

 

Marian-Jean Marinescu : Je préfère vous parler de satisfaction plutôt que de fierté. L’un des plus importants est peut-être qu’à la fin de ce mandat, après 11 ans de négociations et 6 présidences tournantes, nous avons conclu le dossier du Ciel unique européen. Il s’agissait d’un dossier délicat et difficile, car il mettait en cause les intérêts de certains États membres et le pouvoir dont disposent les organismes de contrôle aérien dans chaque État membre. Cependant, je suis satisfait d'avoir réussi à obtenir autant que possible, respectivement, de conserver dans le texte une disposition très importante concernant la révision de l'organisme de performance, qui sera professionnelle, permanente et qui est très importante car elle vérifie la performance des plans des contrôleurs aériens. En outre, dans le texte final, nous avons réussi à imposer un objectif de réduction des émissions, ce qui ne signifie rien d'autre que des vols plus courts, des vols directs et cela signifie en réalité, entre autres, un ciel unique européen. Nous avons donc clôturé ce dossier, probablement celui dont la durée de négociation a été la plus longue. Mais au cours de ces 5 dernières années, j'ai travaillé comme rapporteur du Parlement européen, rapporteur d'avis ou rapporteur fictif au nom du groupe PPE sur plus de 50 dossiers. Ces aspects, ainsi que d'autres issus de mon activité, ont été pris en compte par la plateforme EUmatrix.eu qui mesure l'influence qu'exercent les membres du Parlement européen sur les politiques de l'UE. Selon cette mesure, EUmatrix.eu m'a positionné comme le deuxième membre le plus influent du Parlement européen en termes de politiques de transport, parmi les 20 premiers membres du Parlement européen les plus influents en termes de politiques énergétiques, respectivement budgétaire et en position 30 (sur 705) par rapport à l'activité dans son ensemble. Mais au-delà du fait que oui, je suis heureux que mon activité soit remarquée et appréciée, ma satisfaction vient principalement du fait que j'ai contribué à l'élaboration de quelques dispositions juridiques européennes qui seront, je l'espère, un plus pour le cours évolutif de l'Union et apportera de bonnes choses dans la vie, la vie des citoyens.

 

Interview Francophone : Quel diagnostic avez-vous pour les défis actuels pour le monde économique face aux crises multiformes ? 

 

Marian-Jean Marinescu : Le monde entier est en train de changer. Les énergies fossiles sont abandonnées avec toutes les conséquences horizontales et verticales, économiques et sociales. Nous protégeons la nature pour que nos enfants et petits-enfants puissent profiter de ces dons de la planète Terre, mais en même temps nous devons veiller à protéger l'économie et les emplois, car c'est la seule façon pour nous d'avoir la prospérité. La décarbonisation des industries est un grand défi, elle nécessite d'énormes investissements, reconvertir la main d'œuvre, repenser les partenariats stratégiques avec nos partenaires externes et un effort fantastique pour revenir à nos propres ressources, car nous avons appris que les dépendances de toute nature, en particulier ceux des ressources vitales, comme l'énergie ou les matières premières critiques, ne sont pas bonnes. 

Le lancement du Pacte Vert en 2021 a tout cela comme contexte. La loi climat et l’ambition de faire de l’Europe un continent zéro émission de CO2 ont cette logique en dans l’arrière-plan. Mais aussi le fait que les autres grands pays industrialisés font de même : la Chine, les États-Unis, le Brésil vont dans la même direction. Mais contrairement à ceux-ci, nous avons comme voisin une Russie hostile (la Russie qui, il y a quelques années encore, était le principal fournisseur de gaz et de pétrole de nombreux États de l’UE) et une guerre déclenchée par Poutine sur le continent. Notre situation est donc plus difficile que celle de la Chine ou des États-Unis. Le paquet de lois Fit for 55, qui met en œuvre les objectifs du Green Deal, lancé au cours de cette législature, se poursuivra après les élections de juin. J’ai essayé d’être un rationnelle du Parlement, qui plaide depuis 2021 pour une approche équilibrée, et non pour la décarbonation ou le reverdissement à tout prix. Les lois Fit for 55 auront des conséquences sur l’industrie et les citoyens. Car tout changement demandera un petit effort de la part de chacun, mais au final, j'espère que le résultat sera positif.

 

Interview Francophone : Quelle est la place de la Roumanie et de l'Europe dans les solutions et évolutions économiques pour un meilleur 21e siècle ? 

 

Marian-Jean Marinescu : La Roumanie joue un rôle important dans l’UE à plusieurs regards. Sur le plan économique, social et compte tenu de notre position géographique, proche de la Transnistrie et de l’Ukraine, avec une guerre à la frontière et en matière de sécurité, je voudrais tout d’abord souligner l’importance de l’adhésion à l’UE, qui nous a ancrés dans l’espace européen de démocratie et de valeurs. Je suis un Européen convaincu et je crois que la voie européenne reste légitimement la seule option pour la prospérité, la stabilité et le développement à long terme de la Roumanie. Les avantages pour nos citoyens et la société sont tangibles et signifient une amélioration de la vie quotidienne, qu'il s'agisse du marché intérieur, de la protection de l'environnement, de la numérisation, de la libre circulation et des possibilités d'étudier, de travailler ou de vivre partout dans l'Union européenne, ou de financement du développement et de modernisation dans de multiples domaines, tels que les infrastructures, les zones rurales, l'énergie, le secteur médical, l'éducation. En parlant de financement et d'argent européen, la bonne nouvelle est que la Roumanie a absorbé 97% des fonds européens de cohésion de l'exercice 2014 - 2020, ce qui signifie plus de 23 milliards d'euros, alors qu'en 2021, la Roumanie n'a utilisé que 11,8 milliards d'euros sur les 24 milliards auxquels elle était destinée et éligible via la politique de cohésion. La Roumanie profite donc pleinement de l'adhésion à l'UE, le pays est en constante évolution, le Pacte écologique conduit déjà au développement de ces filières industrielles et écologiques (qu'il s'agisse de parcs éoliens, de stockage de CO2 ou de production de voitures électriques ou de batteries) et à partir de 2027, nous deviendrons également des exportateurs nets de gaz (avec le démarrage de l'exploitation du gaz « Neptune Deep » en mer Noire).

 

Interview Francophone : Quels sont les atouts que vous appréciez le plus chez les investisseurs et partenaires internationaux pour un développement durable et innovant dans un contexte concurrentiel sans précédent ?

 

Marian-Jean Marinescu : Les investissements internationaux s’accompagnent de savoir-faire et de capitaux. La Roumanie possède toutes sortes de ressources, tant naturelles qu'humaines, c'est pourquoi ce mélange entre l'offre roumaine et la contribution de la croissance étrangère est l'explication de la croissance économique constante de la Roumanie ces dernières années, mais surtout depuis son adhésion à l'UE.

 

Interview Francophone : Quel conseil pour les générations du 21e siècle ?  

 

Marian-Jean Marinescu : Apprendre, se spécialiser toujours, car une bonne éducation reste et sera la base sur laquelle peuvent se construire une vie pleine de sens et une carrière solide. Je leur conseille donc d'apprendre la pluridisciplinarité, de se spécialiser et d'être très bons dans le métier qu'ils choisissent pour ensuite, après des années de carrière, se lancer en politique. S'ils n'aiment pas les partis actifs, qu'ils en créent d'autres et combattent pour les principes et les idéaux de ces partis. Il y a un besoin de spécialistes dans tous les domaines politiques. Et la politique n’est pas quelque chose d’abstrait, mais quelque chose d’aussi concret que possible et qui a une influence sur la vie quotidienne des citoyens. Les décisions prises au niveau politique, les lois adoptées influencent à la fois le présent et l’avenir de chacun. En conclusion, mon exhortation est la suivante : étudiez à fond, puis entrez en politique !