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Photo.realisée.par.Aurianne Leguern

Michel Derdevet

Une carrière d'exception pour un européen d'exception

 

 

Prix d'Excellence du Sommet europeen à Paris  par les élites de la diaspora internationale edition 2024

Interview dans l'edition Visionnaires du 21e siecle édition 2024

www.interviewfrancophone.net

par Ingrid Vaileanu

Interview Francophone : Comment peut-on résumer votre carrière sous l’angle européen ?

 

Michel Derdevet : Dès le début de mon parcours professionnel, à la Faculté de Droit et des Sciences économiques de Montpellier (où j’ai enseigné dès 1982), j’ai toujours considéré, en paraphrasant François Mitterrand, que la France était ma patrie, mais que l’Europe était notre avenir. A l’époque, j’enseignais ce que l’on appelait alors le « droit communautaire », qui était alors une matière seconde par rapport aux enseignements « nobles » (Droit constitutionnel, Histoire du Droit, Droit privé, Droit pénal, …). Mais j’expliquais déjà à mes étudiants l’imbrication si étroite, et positive, entre la créativité juridique d’un Etat membre comme la France et le modèle sui generis du droit européen, qui a participé du rapprochement des peuples européens, bien loin de la caricature de normes obscures décrétées par des technocrates bruxellois que l’on a malheureusement entendu ces dernières semaines dans la bouche des anti-européens. Dans le même esprit, le débat public évoque aussi trop peu l’apport considérable des décisions de la Cour de Justice de l’Union européenne dans l’émergence en soixante-dix ans d’un « Continent de Droit », protecteur des libertés individuelles comme collectives.

 

Ensuite, que ce soit au Cabinet du Secrétaire d’Etat à l’énergie (1984-86), à EDF, RTE (2000-2012) ou Enedis (2012-2020), j’ai toujours veillé à éclairer les choix et les décisions à adopter en les envisageant sous l’angle européen. En 35 ans de carrière, je n’ai jamais cédé à cette facilité, prôné par d’autres, de se battre autour de « l’exception française », dans une posture défensive et obsidionale ; j’ai essayé plutôt de comprendre (et de faire comprendre !) les enjeux divers liés aux différences culturelles entre Etats membres, et prôné toujours la devise de l’Union : face aux grandes puissances extra-européennes (Chine et Etats-Unis aujourd’hui), l’Europe doit toujours être « unie dans la diversité ».

 

Et, à de multiples reprises, j’ai cité la formule si vraie de Sigmund Freud, qui évoquait pour le regretter – parlant des Etats membres - le « narcissisme des petites différences » ; ce qui nous unit entre européens est à l’évidence plus fort que ce qui nous distingue ou nous divise !

 

 

Interview Francophone : Quels sont les projets les plus inspirants que vous avez lancés ou soutenus à la hauteur des choix de qualité pour le futur des Roumains et de leurs partenaires internationaux ? 

 

Michel Derdevet : Depuis 1956, date de la création de la Maison de l’Europe de Paris, nous avons à de très nombreuses occasions, conçu et partagé des grands projets avec nos amis roumains. Le dernier, il y a trois ans, était un projet transversal intitulé Happy EU -Vivre quelque part en Europe, initié avec plusieurs partenaires européens, dont la ville de Bacau, en Roumanie. Durant deux ans, les échanges ont été très positifs et la collaboration tellement fructueuse que nous avons réitéré, en 2023, un nouveau projet européen, dont la ville de Bacau fait encore partie, LEAP STEP - Plan d’action local et européen pour soutenir les populations en situation de précarité énergétique ! Cela seulement pour vous montrer que notre association a d’excellentes relations professionnelles et amicales avec la Roumanie ! On peut continuer en mentionnant les nombreuses rencontres et conférences que nous organisons à la Maison de l’Europe de Paris, soit en partenariat avec l’Ambassade de Roumanie en France soit ayant comme sujet la Roumanie. Depuis le 24 février 2022, et l’agression russe en Ukraine, nous pourrions même dire qu’il n’y a pas une seule conférence sur la défense européenne, sur la guerre en Ukraine, sur la manière dont l’Union européenne s’organise pour venir en aide aux Ukrainiens sans que la situation de la Roumanie ne soit pas mentionnée. Votre pays est vraiment au cœur des enjeux géopolitiques européens !

 

La Maison de l’Europe de Paris est une association qui œuvre en permanence pour une meilleure connaissance des valeurs européennes et, de ce fait, nous faisons souvent référence aux sentiments européens qui animent les Roumains, tout comme leur engagement dans tout ce qui concerne le futur de l’Europe. Enfin, et ce n’est pas un point mineur, à la faveur des multiples formations que nous mettons en place pour les jeunes qui se préparent à partir en échange Erasmus, nous les incitons systématiquement à aller faire cet échange en Roumanie ! Vous avez un pays magnifique avec des personnes d’une haute qualification professionnelle, doublée par un sens de l’accueil et du partage incroyable. 

 

Enfin, nous avons eu aussi le plaisir d’accueillir plusieurs collègues roumaines, qui travaillent ou ont travaillé à la Maison de l’Europe et qui, par leur sensibilité et leur attachement à leurs racines, ont réussi à canaliser encore plus, volontairement ou pas, nos activités et nos échanges, en réel ou sur les réseaux sociaux, vers l’imaginaire roumain. Je parle de Monica Radu, qui faisait partie de notre équipe jusqu’à l’été 2022, et actuellement de Iulia Badea Guéritée, qui nous a rejoint il y a un an.

 

Interview Francophone : Quelle est votre plus grand choix de projet qui peut inspirer le 21e siècle ? 

 

Michel Derdevet : La priorité des priorités pour les années à venir est de redonner vie au dialogue entre citoyens européens, sur le terrain, dans une logique de partage et d’écoute. Les récentes élections européennes ont montré à quel point, dans certains pays, l’Europe était perçue comme lointaine et désincarnée. Les eurosceptiques ont « surfé » sur ce rejet, oubliant au passage les réalisations concrètes que l’Europe a permises depuis plus d’un demi-siècle.

 

Il faut donc repartir du citoyen, reconstruire le récit commun qui fait que nous partageons entre européens des valeurs qui sont plus fortes que les égoïsmes nationaux. En ce sens, l’enseignement de la culture et de l’histoire de chacun de nos pays est essentielle. L’Europe n’est pas un simple marché, où commercerait plus de 400 millions de citoyens. C’est un espace de civilisation, traversé (tel le Danube) par des traditions diverses et des influences variées. Il nous faut impérativement transmettre ce patrimoine commun aux générations futures. L’Europe, c’est un bouquet de cultures et une grande bibliothèque des savoirs ; c’est le vivier de la jeunesse, et nous devons en permanence nous rappeler cela pour éviter le repli sur soi et le rejet de l’autre !

 

 

Interview Francophone : Que signifie la France pour l'Europe et que signifie l'Europe pour la France, les maires, le développement local et les projets de développement durable et de décarbonation des économies pour un futur souhaitable ?  

 

Michel Derdevet : Sans la France, sans Jean Monnet, Robert Schuman, Jacques Delors ou Simone Veil, l’Europe n’aurait pas été forgée telle qu’elle est. Au-delà d’être un pays fondateur, la France a toujours grandement inspiré le projet européen, et éclairé notre avenir commun. 

 

Mais on voit bien que l’élargissement à 27, et demain l’entrée dans l’Union de la Moldavie, de l’Ukraine et des pays des Balkans exige de repenser notre fonctionnement commun, qui ne peut se résumer au « moteur franco-allemand », par ailleurs passablement « grippé » ces dernières années ...

Peut-on indéfiniment exiger l’unanimité pour toutes les décisions à adopter ? Peut-on se satisfaire d’un budget commun limité, représentant à peine 1% du PIB européen ? Comment mener des politiques ambitieuses, au bénéfice des citoyens européens, avec des moyens aussi limités ? Bref, un grand aggiornamento s’impose, face aux défis immenses qui sont devant nous : face à l’agressivité de la Russie, une défense européenne doit de manière urgente être bâtie ; le combat contre le changement climatique doit rester une priorité commune, engageant nos villes et nos territoires ; la santé, l’éducation supposent que l’Europe ne soit pas qu’en « appui », mais soit demain doté de moyens et de compétences pour agir au bénéfice de tous.

 

Face à la Chine, aux Etats-Unis et à toutes les puissances qui adorent l’ « Europe en puzzle », désunie et impuissante, nous devons reconstruire notre projet collectif, en nous inspirant notamment de la démocratie vivante incarnée par notre Parlement européen, élu au suffrage universel direct. 

JoIN the Annual European Summit in paris    

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