Interview Francophone
Pour un meilleur 21ème siècle
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Philippe Laurent
Maire de Sceaux
Vice-président de l’Association des maires de France
"Ensemble, nous pouvons faire face aux défis du 21e siècle"
Interview dans l'edition Visionnaires du 21e siecle édition 2024
par Ingrid Vaileanu
Interview Francophone : Comment peut-on résumer votre carrière et vos convictions qui peuvent inspirer le développement local au 21e siècle?
Philippe Laurent : Ma carrière, que ce soit en tant que maire de Sceaux, élu départemental et régional, vice-président de l’Association des maires de France (AMF) ou président de l’AFCCRE (Association française du conseil des communes et régions d'Europe), s’est toujours articulée autour de deux convictions : le rôle central de la commune comme levier de cohésion et d’innovation, et l’importance majeure de la proximité dans l’action publique. Les élus locaux, et notoirement les maires, sont les premiers interlocuteurs des citoyens et doivent être en mesure de répondre aux demandes et besoins immédiats tout en anticipant les enjeux de demain. Cela est vrai dans tous les pays, indépendamment de la structuration institutionnelle de ces pays.
Interview Francophone : Quels sont les projets qui vous ont marqué le plus et pourquoi?
Philippe Laurent : J’ai plusieurs priorités : le rôle majeur de l’éduction et de la culture, la valorisation du cadre de vie, du patrimoine culturel et naturel de ma ville, pour préserver son identité tout en l’adaptant aux besoins et aux usages, et le développement de la concertation citoyenne avec la mise en place d’outils pour inclure les Scéens dans les décisions, renforçant ainsi la confiance et le dialogue.
Interview Francophone: Comment voulez- vous faire évoluer le rôle des maires au 21e siècle et comment leurs donner plus de pouvoir à réaliser leurs missions grâce notamment à leurs capacité de concertation et qualification participative des intérêts, objectifs, moyens pour répondre à l'intérêt commun et à des intérêts spécifiques à la fois de chaque citoyen et des parties prenante (pour " la création de valeur partagée sans diviser " au sens du nouveau modèle économique de l'économie de la fonctionnalité - dont j'ai été la première doctorante en France - financée par EDF et par l'État français)
Philippe Laurent : Les maires sont des facilitateurs capables de fédérer autour de projets partagés. Cependant les maires ne sont plus seulement des gestionnaires locaux, ils doivent incarner également une vision stratégique pour leur territoire, à la croisée des dimensions sociales, économiques, environnementales et culturelles.
Pour cela, il faut avoir un projet, une vision et anticiper les grands défis globaux, tels que le changement climatique, la transition énergétique ou la révolution numérique. Néanmoins pour réaliser nos missions, nous devons disposer de moyens renforcés, adaptés aux enjeux actuels : simplification des procédures administratives, cadre législatif permettant davantage de souplesse et ressources financières pérennes.
Interview Francophone : Comment intégrer les innovations (surtout la transition numérique et écologique) par les maires qui sont au cœur des évolutions et leurs impacts locaux et comment intégrer tous les avis et des doléances des citoyens et de toutes les parties prenantes pour un rôle efficace et éthique des maires augmentés (grâce à des outils de qualification ouverte - IA QUALIFICATIVE - une nouvelle typologie IA découverte en France (Paun, 2023 - www.florin-paun.com) ?
Philippe Laurent : Les maires sont souvent de véritables facilitateurs de coopération entre les différents niveaux de collectivité (commune, intercommunalité, département, région, État, …) et entre les parties prenantes : entreprises, associations, syndicats, citoyens, institutions publiques. Cette position centrale nous permet de faire converger des intérêts parfois divergents en faveur de l’intérêt général. Là réside l’essentiel de notre mission. C’est le cas aujourd’hui, et ce le sera encore demain. Le maire reste le « passeur » sur un territoire précisément défini, bien perçu et souvent aimé par les habitants car bien connu d’eux-mêmes … la commune, c’est du concret là où l’État ou la nation reste souvent des abstractions. On ne peut aimer que ce que l’on connaît, c’est là où l’habitant se sent le plus citoyen.
Ce qui est gratifiant, c’est de voir avancer les projets et de trouver des solutions locales à des problèmes globaux. Des solutions et des projets élaborés avec la majorité municipale, les services municipaux, les habitants. Les exemples sont nombreux, nos projets d’aménagement urbains, de rénovation énergétique (géothermie), notre politique des mobilités douces, la mise en place de budgets participatifs pour impliquer les citoyens, événements culturels et festifs, etc.
Il me semble que, dans cette conception humaniste du rôle des maires, l’intelligence artificielle ne puisse que jouer un rôle secondaire. Rien ne remplacera l’échange concret et la prise de « température » au café ou sur le marché.
Interview Francophone: Pour renforcer les décisions par concertation des maires et la décentralisation - grâce aussi aux découvertes françaises (les innovations françaises récentes qui apportent des solutions - brevets français- aux verrous technologiques du stockage et distribution de l'hydrogène) les maires peuvent devenir les acteurs de l'indépendance énergétique des territoires grâce à l'hydrogénisation des économies - que les les innovations française rendent possible, accessible pour transformer la France dans l'un des leaders de l'hydrogénisation des économies au service des citoyens
Philippe Laurent : En effet, il serait sans doute souhaitable que les maires jouent un rôle plus important en matière de production de l’énergie et d’indépendance énergétique. Des outils de mutualisation existent pour cela, avec notamment les entreprises publiques locales, dont les collectivités locales sont actionnaires, parfois aux côtés d’acteurs privés. Leur développement est actuellement important, mais reste entravé par la méfiance dont ces structures – pourtant très largement développées en Allemagne, en Autriche ou en Italie – pâtissent auprès de la haute administration française, qui voit souvent les maires comme de simples sous-traitants de l’État et non comme des acteurs pleinement responsables.
Interview Francophone : Quel est votre conseil et souhaits pour les générations du 21e siècle des maires et des citoyens?
Philippe Laurent : Aux maires de demain : soyez des bâtisseurs de consensus, des visionnaires capables d’innover tout en restant proches des réalités locales.
Aux citoyens : engagez-vous, impliquez-vous dans la vie locale. Les territoires se construisent à plusieurs. Ensemble, nous pouvons faire face aux défis du 21e siècle et bâtir des villes plus humaines, solidaires et bienveillantes.